La COP28 vient de se conclure après près de 2 semaines de discussions intenses, de négociations ardues, avec au final, une concession reflétée dans le choix des mots, me semble-t-il. Tous s’accordent à dire que ce n’est pas la conclusion espérée avec l’objectif de sortie des énergies fossiles tel que formulé par António Guterres, Secrétaire Général de l’ONU en amont du lancement de la Conférence. La conclusion de ces négociations est cependant qualifiée d’historique. L’accord final fait pour la première fois référence à la transition vers la sortie progressive des énergies fossiles pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Entre l’objectif de départ et la conclusion, il a fallu opérer un certain nombre d’arbitrages, on s’en doute…
La décarbonation, c’est payant!
Parlons affaires! Globalement, le nombre de dirigeants ayant pris conscience qu’il y avait urgence à agir va en s’accroissant. Par exemple, on compte plus de 6.700 grandes entreprises dans le monde ayant fixé des objectifs en lien avec la science dans le cadre de l’initiative SBTI – Science Based Target Initiative (Companies taking action - Science Based Targets), avec des plans de réductions des gaz à effet de serre à l’horizon 2030, voire des objectifs net-zéro d’ici à 2050.
Ici au Canada, selon un rapport récent de la BDC (Les avantages pour les PME d’agir pour le climat | BDC.ca), la moitié des propriétaires d’entreprises canadiennes ont pris des mesures pour réduire leur empreinte carbone au cours des cinq dernières années et déclarent récupérer leur investissement en 16 mois seulement en moyenne!
Ce dernier élément est particulièrement intéressant. De nombreuses études démontrent que prendre des mesures en matière de réduction de l’empreinte carbone, c’est payant! En matière d’efficacité et de compétitivité pour commencer. L’entreprise se crée aussi des opportunités d’affaires, en faisant preuve d’innovation, et elle réalise des économies grâce aux mesures prises pour réduire sa consommation d’énergie ou ses déchets par exemple.
Pourquoi les entreprises s’engagent?
Dans un précédent blogue je faisais référence aux parties prenantes des entreprises – en particulier les employés, clients et investisseurs – qui ont des attentes de plus en plus élevées en matière d’indicateurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Les entreprises se tournent vers leurs fournisseurs pour les aider à réduire leur empreinte carbone. N’oublions pas que le périmètre ou scope 3 des émissions de GES d’une entreprise, c’est-à-dire toutes les émissions indirectes en amont et en aval de son activité, sont généralement les émissions directes de son fournisseur. Et ces émissions de scope 3 représentent en moyenne 80% des émissions totales de GES d’une entreprise, en fonction des secteurs d’activité.
En conséquence, les évaluations des fournisseurs par les donneurs d’ordre sont de plus en plus détaillées et une PME qui ne serait pas prête à prendre des actions en matière environnementale pourrait bel et bien passer à côté d’opportunités d’affaires.
La chaine de valeur est interconnectée et il n’est plus possible de se cacher!
Les nouvelles normes comptables arrivent en 2024
L’arrivée de l’IFRS S1 et S2 l’année prochaine va relever la barre des exigences en matière de reddition de compte pour les grandes entreprises. IFRS - IFRS Sustainability Standards Navigator
La norme IFRS S1 établit les obligations générales en matière de reporting de durabilité. Elle requiert que l’entreprise publie des informations sur sa gouvernance, sa stratégie, sa gestion des risques et ses objectifs en rapport avec les risques et opportunités liés au développement durable.
La norme IFRS S2 est axée sur les changements climatiques. Elle exigera que les entreprises fournissent des informations sur les opportunités et risques liés au changement climatique ainsi que sur leur incidence sur leur situation financière, leurs flux de trésorerie, leur stratégie et leur modèle d’affaires.
L’arrivée de ces nouvelles normes signifie aussi que les entreprises devront divulguer leurs émissions de gaz à effet de serre de façon plus complète et détaillée. Comme je le mentionnais, Scope 3 du donneur d’ordre en matière d’achats de biens et services = Scope 1 et 2 de ses fournisseurs. En bref, toutes les entreprises vont être directement ou indirectement concernées. Alors, il va falloir se préparer!
Ma PME n’a pas encore lancé de plan de réduction des GES. Par où commencer?
C’est une question que j’entends souvent et je résumerais les actions à prendre en quelques points principaux:
1- Se faire accompagner : Surtout si l’on démarre de zéro, mais aussi si l’on n’a pas les ressources en interne, ou si l’on souhaite avoir un avis d'expert externe.
2- Faire réaliser un audit énergétique : Il va permettre de mettre en évidence votre consommation d’énergie actuelle et les actions à prendre. Cela démarre souvent par des mesures comme l’optimisation des systèmes de chauffage, de ventilation ou de climatisation ou bien des ajustements de machines. A noter que des subventions existent au provincial et au fédéral pour financer les projets d’efficacité énergétique.
3- Comprendre les priorités de mes parties prenantes : Par exemple, dans le cas de leurs achats de biens et services, qu’est-ce qui est important pour mes clients? Est-ce qu’ils ont fixé des objectifs que je devrais mettre en place? De quelles informations ont-ils besoin?
4- Commencer à mesurer mon empreinte carbone : Il existe des outils en ligne qui permettent de calculer ses émissions de GES mais je recommanderais de se faire accompagner si l’on débute. Dans tous les cas, il est important de commencer à établir une année de base.
5- Établir une feuille de route de réduction des GES : Se fixer des objectifs chiffrés pour se lancer pas à pas dans la trajectoire de réduction des GES.
6- Mettre en place une bonne gouvernance : Ëtre clair sur la répartition des rôles et responsabilités sur ces sujets dans l’entreprise, collecter et documenter ses données en matière environnementale de manière systématique.
7- Communiquer : Éduquer vos équipes sur le climat, expliquer pourquoi et comment les actions de chacun-e participent au résultat collectif. Et communiquer auprès de ses parties prenantes sur sa feuille de route et les progrès accomplis.
En conclusion, s’engager dans une trajectoire de réduction de l’empreinte carbone est la bonne chose à faire pour la planète, pour nos enfants et les générations futures. Cela peut créer de belles opportunités d’affaires pour l’entreprise qui va s’engager aux côtés de ses clients. Et un accès plus facile à de l’investissement qui favorise ces projets.
La réduction de votre empreinte carbone, ce sont aussi des économies sur la facture énergétique et des gains d’efficacité et de productivité. Et pour finir, vous aurez des employés heureux et plus motivés, parce ce que ces initiatives donnent du sens à leur travail au quotidien.
Alors, prêts à vous lancer et à devenir des acteurs de changement? En avant!
Durablement,
Magali
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